la "fiche" de Adolphe Isidore THENINT Le contexte historique L'insurrection dans l'Yonne Les sociétés secrètes
La presse et les chansons La Puisaye insurgée Le pouvoir et la répression La Loi de réparation nationale
La délation Le camp de Bourkika    

 

La Puisaye, région insurgée

 

A partir de "Les rouges de l'Yonne en 1851", par Denis Martin, Université Paris X - Nanterre, direction Francis Demier - juin 1995

 

Avec la Puisaye et la Forterre les chiffres représentent la grande masse des démoc-soc de l'Yonne: 927 personnes soit 50% du total, presque tous les insurgés (330 sur 366) et 57% des condamnés.

Le canton de Bléneau aligne 318 démoc-soc et 99 condamnés.

Celui de Toucy "produit" 121 insurgés, celui de Saint Sauveur 106...

Il n'y a pas à douter: nous sommes ici en pays rouge.

Les raisons de cet engagement à gauche ont été explicitée: malaise social profond, monopolisation des terres par les grands propriétaires, mécontentement des paysans riches, ch6mage et bas salaires pour les paysans sans terre, endettement de l'artisanat, crise économique persistante, élévation des prix des produits de première nécessité, illettrisme... Ajoutons l'éloignement des centres de pouvoir (Auxerre,Joigny) et la grande quiétude dans laquelle se sont développées les sociétés secrètes.

Dès 1849 la région a basculé à gauche. Les élections législatives donnent des pourcentages de 51 à 76% des voix en faveur de la liste démocrate socialiste à Aillant, Bléneau et Saint-Fargeau.

Le plébiscite du 20 décembre 1851 donne encore à Bléneau - malgré la répression en cours - 25% de "non" et 21% à Saint-Fargeau (Claude Lévy AB t 25).

Aux élections municipales de 1852 Bléneau se donne à nouveau une municipalité républicaine (Mlle Masson "Sur les élections municipales à Bléneau en 1852" BSSY 1931).

Cette obstination dans les votes traduit un engagement profond et nullement conjoncturel; c'est que la réalité économique est tenace; seule l'amélioration des conditions de vie des prolétaires ruraux et l'atténuation des antagonismes fondamentaux pourraient gagner les esprits au nouveau régime.

Le sous-préfet de Joigny émet deux voeux pour résoudre les problèmes de la région: "Ne pourrait-on pas tenter d'améliorer leur sort en envoyant aux ateliers de chemin de fer des célibataires qui n'auraient point servi sous les drapeaux et en dirigeant sur la terre d'Afrique d'anciens militaires et des cultivateurs mariés?"

Le préfet propose au ministre de l'Intérieur un partage des communaux: "J'aurai à vous proposer, M. le Ministre, d'autoriser quelques communes de ces cantons à aliéner une partie des bois considérables qu'elles possèdent, en les divisant par lots de peu d'étendue, avec autorisation de défricher: On arrivera ainsi à constituer sur une échelle restreinte, il est vrai… mais utile, une petite propriété accessible à tous… qui servira de point d'appui au gouvernement et fera disparaître le découragement qui s'empare des meilleurs ouvriers de ce pays et les jette dans le socialisme".

 
 

 

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