la "fiche" de Adolphe Isidore THENINT Le contexte historique L'insurrection dans l'Yonne Les sociétés secrètes
La presse et les chansons La Puisaye insurgée Le pouvoir et la répression La Loi de réparation nationale
La délation Le camp de Bourkika    

 

La presse et les chansons

 

A partir de "Les rouges de l'Yonne en 1851", par Denis Martin, Université Paris X - Nanterre, direction Francis Demier - juin 1995

 

Le procureur Benoît, dans le rapport qu'il adresse au procureur général, met en cause, outre les sociétés secrètes, les écrits socialistes pour exploiter l'insurrection.

Il cite les écrits de Joigneaux, représentant de l'Yonne à l'Assemblée nationale qui publie "La feuille du village", écrits "répandus par des agents habiles… appartenant à toutes les classes de la société, depuis le simple manouvrier jusqu'au qrand propriétaire".

A Auxerre Dugaillon publie "l'Union Républicaine". Ce journal a de nombreux abonnés dans les campagnes. A Guillon, le menuisier Durey est arrêté pour avoir porté "au café qui faisait club des journaux pour les lire; ces journaux étaient le Siècle et l'Union Républicaine". A Sens les démocrates socialistes publient "le Républicain".

Le N°1 du Républicain (23 août 1849) Bib. mun. Sens

 

L'écrit joue un rôle de premier plan dans la diffusion des idées avancées. Pezé, libraire à Brienon, "cherchait à corrompre de jeunes pensionnaires en leur donnant gratis ou à vil prix des écrits, des chansons et même des journaux socialistes. "

Les marchands ambulants se font colporteurs de cette littérature. Ainsi Perrotet, domicilié à Joigny, marchand de nouveautés, distribue dans les campagnes "beaucoup de mauvais livres".

La mise à l'amende des distributeurs de propagande écrite ne semble pas ralentir le mouvement. Poirier, charpentier à Champcevrais est condamné en 1850 pour distribution d'écrits politiques; Dethou, maire de Bléneau, la même année, se voit infliger 100 francs d'amende pour la même raison.

Les chansons sont d'excellents moyens de propagande. Qu'y a-t-il de plus facile à retenir, y compris pour un illettré?

Ces chants peuvent être révolutionnaires ou satiriques (on met les rieurs de son côté). Au besoin on adapte les paroles à l'actualité. Le dernier vers du refrain du "Chant du soldat" qui stigmatise les "oppresseurs de tous les pays" devient: "Louis Napoléon et le pape aussi".

Chanter peut être un motif d'inculpation suffisant. Michard, dit Lamadoux, ouvrier cordonnier de 18 ans est condamné pour avoir chanté "Charlotte la Républicaine" sur la route entre Chassy et Aillant.

 

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