Je soussigné, Narjot (Jean-Pierre),
ex-garde-champêtre de la commune de Lalande, canton de Toucy
(Yonne), et y demeurant.
Certifions et attestons que, appelé devant
M. le juge de paix de Toucy, pour lui donner des renseignements sur
les personnes accusées d'avoir pris part aux démarches hostiles qui
eurent lieu au commencement de décembre dernier, j'ai accusé
faussement le sieur Millot (Etienne), âgé de cinquante-cinq ans,
cultivateur, demeurant en cette commune, de faits dont il était
innocent, les croyant vrais. Mais depuis, j'ai reconnu qu'il n'en
était point coupable: j'ai cédé à une inspiration mensongère en
sévissant contre lui. Je l'ai fait aussi dans l'intention de
conserver ma place de garde-champêtre: une coupable idée me fit
croire que je devais me montrer son ennemi en le calomniant.
Je certifie, en outre, qu'il ne m'a jamais
engagé, en sa qualité de maire, à sévir injustement contre personne;
au contraire, tous ses conseils avaient toujours l'équité et la
justice pour principes.
Le remords que me cause ma déclaration
mensongère me poursuit; les suites malheureuses m'alarment. Quoi!
Une femme éplorée, sept enfants au désespoir qui réclament en
pleurant un époux, un père, captif en ce moment, sont la conséquence
de mon injuste déposition! C'en est trop pour moi; la mise en
liberté de celui qui en est la victime pourra, seule, rendre la
tranquillité à ma conscience que le remords poursuit.
En foi de quoi j'ai délivré le présent
certificat. Puisse-t-il contribuer à faire cesser la captivité de
celui pour qui je réclame la liberté.
Lalande, 13 mai 1852,
Signé: Narjot
Approuvé en l'absence du maire:
L'adjoint,
Signé: Pigollon
histoire de la transportation de décembre. Ch Ribeyrolles 1853
Jeffs, libraire, Burlington Arcade Londres |