(source: CAOM Aix-en-Provence "Histoire d'un centre rural algérien: Fort-de-l'Eau Alger", par G. Bresson, 1957 )
Fort-de-l'Eau (aujourd'hui Bord el Kiffan) était un village situé entre l'oued Harrach et le Cap Matifou, à 17 km d'Alger. Fort-de-l'Eau fut érigée en commune de plein exercice le 2 juin 1881. En vérité, sa création remonte au 22 août 1851 lorsque la Rassauta fut créée commune de plein exercice. Elle s'étendait alors sur les localités de Maison Blanche (Dar el Beïda) et de Maison Carrée (El Harrach).
Dès 1835, une superficie de plus de 3000 hectares fut attribuée au prince Mir Mirsky, qui avait été chassé de son pays par la révolution polonaise. Obligé d'emprunter, le prince dut rétrocéder sa concession en 1843. Le 19 septembre 1846, l'administration fut amenée à reprendre possession de la ferme après avoir indemnisé en partie les créanciers.
Sous l'impulsion du baron de Vialar, obligé en 1835 de faire un arrêt forcé sur l'île de Minorque alors qu'il se dirigeait vers la France, un véritable réseau migratoire de Minorque vers Alger fut organisé. Plusieurs centaines de familles s'installèrent à Alger et aux alentours. Très rapidement, ces mahonnais furent appréciés des autorités coloniales françaises. Ils eurent très vite une réputation de travailleurs, d'hommes honnêtes et sobres. Leur succès attira de nombreux compatriotes.
Les progrès sensibles qui s'étaient manifestés sur le Centre de Fort-de-l'Eau, les demandes toujours plus nombreuses de concessions sur le domaine de La Rassauta, les créanciers du Prince de Mir aussi acharnés qu'auparavant, décidèrent l'Administration à partager le domaine en plusieurs concessions.
En 1849, une Commission composée du Receveur de l'Enregistrement Ducoin, de l'Inspecteur de Colonisation Darru, de l'Architecte Lefèvre, du Sous-Intendant Wolf, des officiers comptables Melcion d'Arc et Mouton, du Chef de Bataillon Crozale, procéda à la délimitation des terrains de l'Administration Militaire remis aux Bureaux Civils. Ils évaluèrent à 2.500 hectares le territoire non affecté aux Aribs, sur lesquels 500 étaient distraits pour Fort-de-l'Eau.
noria mahonnaise
Sur ces terres, 1500 hectares furent distribués en une trentaine de concessions dont les bénéficiaires furent: Rivière, Deshayes, Tisserand, Boyer, Argentier, Coutel, Meunier, Monge, Boubland, Trichard, Gabriel, Hermelin, Buthier, Barouin, Verdier, Baisse, Aumont, Camps, Boglio, Gomila, Sintès, Pons, Alzina, Salord, Marquez, Mascaro, Ségui, Marquez et Fernando.
Ces concessions comprenaient de 25 à 50 hectares et comme condition, le paiement d'une redevance annuelle de 2 francs par hectare et la construction d'une ferme.
Quant aux 800 hectares restants, ils étaient conservés pour permettre aux créanciers du Prince de Mir de récupérer une partie de leurs créances. A la suite de deux adjudications, les propriétaires suivants furent mis en possession des lots : Gomila Joseph, Deleschamps Elisabeth, Séror Moise, Sionville Henri. Vve Boussaguet, Barbe Juan, De Fournas Albert, Lhopitaud Michel. Trottier François.
Le rapport de toutes ces adjudications destinées à rembourser les créanciers, s'éleva à 80.000 francs environ dans lesquels les bâtiments de La Rassauta entraient pour 30 000 francs.
Très rapidement, les colons s'adaptèrent à leur terre. D'abord logés dans des baraques en bois, ils construisirent des fermes et pratiquèrent une mise en valeur très poussée de la région. Constatant les progrès réalisés par tous ces agriculteurs tant Mahonnais que Français, le Gouvernement se décida. à ériger la Rassauta en Commune de Plein Exercice. le 22 Août 1851..
Elle comprenait en 1852 :
1°) Le hameau de Maison-Carrée où étaient groupées une vingtaine d'habitations.
2°) Le village de Fort-de-l'Eau qui comportait 51 maisons d'habitations et une église.
3°) Les concessions de La Rassauta qui présentaient une suite continue de fermes et d'habitations depuis la Maison Carrée jusqu'à l'Haouch Merdja, sur un parcours de 8 km.
Cette commune prit un très grand essor sous la conduite de son premier Maire, M. Trottier. L'Administration et la profession, reconnaissant les efforts faits par les agriculteurs, tinrent à accorder en 1856 une récompense en espèce à l'un d'eux, Ramon Ségui.
Mais cette commune restait artificielle, en ce sens, que, d'une part, elle groupait. des entités ethniques différentes, et que, d'autre part, elle était tiraillée entre des centres d'attraction divers: la mer avec Fort-de-l'Eau, la Mitidja avec Maison Carrée. Enfin, et malgré les divers projets de création d'un village à La Rassauta, cette commune ne possédait pas de centre administratif. Elle s'était installée d'abord à Hussein-Dey, ensuite à Maison Blanche puis au Retour-de-le-Chasse. Son territoire, d'ailleurs assez mal délimité, avait d'ailleurs été modifié et remanié en 1956. Au cours des années, elle fut amputée des centres qui la composaient, en particulier de Maison Carrée, de Maison Blanche et de la Réghaïa.
Plan du domaine de La Rassauta
Les aquafortains demandèrent, eux aussi. à vivre de façon indépendante et c'est ainsi qu'en septembre 1879, une Commission Syndicale, composée de MM. Offoltz, Frey, Dubois, Sintès et Sancho, intervint pour faire aboutir ce désir.
Le Conseil Municipal de La Rassauta le 28 Septembre 1879. siégeant sous la présidence de M. Verdier, Maire, assisté de MM. Paulin, Viault, Larreub, Dupuy, Verdier Hugues, Camps, Pons et Mohamed Ben Ali, rejeta cette demande. Mais sous la pression des événements, il fut obligé de diviser la commune en deux sections, celle de Maison-Blanche - Retour-de-la-Chasse et celle de Fort-de-l'Eau. Ce même conseil décida du transfert du Centre communal à Maison-Blanche.
Cependant, les habitants de Fort-de-l'Eau, à la suite d'une pétition, se montrèrent têtus, et 213 personnes sur 221 demandèrent l'érection de Fort-de-l'Eau en commune de plein exercice.
Plan cadastral de la Rassauta en 1868
Les efforts des aquafortains devaient enfin être couronnés de succès. Le 2 juin 1881, un décret érigea Fort.de-l'Eau en commune de plein exercice.
Mais la naissance de cette circonscription provoqua la chute de la commune de La Rassauta.. Après avoir pendant trente ans figuré sur la liste des communes algériennes, celle-ci tombait dans 1'oubli.
Ne voulant pas voir disparaître ce nom, le nouveau Conseil Municipal décida de demander au Pouvoir Central le droit d'appeler encore la nouvelle commune La Rassauta.
La délibération extrêmement émouvante du Conseil se traduisit par le vœu suivant : "Les enfants devinrent grands et abandonnèrent leur mère en s'érigeant en commune de plein exercice, tout en lui empruntant son nom, te11e Maison-Carrée d'abord et Maison.Blanche ensuite. Aujourd'hui que le Centre de la Maison Blanche a' été érigé en commune sous son véritable nom, nous demandons à reprendre le nôtre et à rester ce que nous avons toujours été: Commune de La Rassauta. Par le fait, au lieu de créer deux communes, il n'y en a eu qu'une seule, Maison-Blanche qui est distraite du territoire de La Rassauta. D'ailleurs, le Centre lui-même de Fort-de-l'Eau a été installé sur La Rassauta, propriété du Beylik sous les Turcs, puis ensuite à l'Etat qui y installa le Prince de Mir qui tenta un essai de colonisation assez malencontreux pour l'époque de 1834 à 1837. Aujourd'hui que la colonisation a marché à grands pas, La Rassauta dont les terres sont de première qualité et qui sont exploitées par une population laborieuse est devenue un pays riche, qui expédie en France tous les légumes et primeurs qui se vendent à Paris et dans les principales villes."
Cette délibération adoptée à l'unanimité fut signée de tout le Conseil qui avait présidé à la naissance de Fort-de-l'Eau et dont la liste suit:
Noms et prénoms | Date et lieu de naissance | Profession | Nationalité |
FREY Henri (Maire) | 1844 Alger | Agronome | Français |
OFFOLTZ Mathias (Adjoint) | 1819 Moselle | Rentier | Français |
BERTHELOT Charles | 1846 La Rassauta | Propriétaire | Français |
TERRIER Isidore | 1846 La Rassauta | Charron | Français |
MOREAU Charles | 1822 Loir-et-Cher | Rentier | Français |
DEPORTE Alexandre | 1845 Meuse | Cultivateur | Français |
CAMPS Pierre | 1841 Minorque | Cultivateur | Espagnol |
PONS Jacques | 1856 Minorque | Cultivateur | Espagnol |
BEN MOHAMED Ali | 1844 La Rassauta | Cultivateur | Indigène |
Les candidats malchanceux à l'élection de ce premier Conseil : Alzina Gabriel, Sintès Joachim, Ségui Bernard, Cardona Joseph, Sancho Joseph, Forgeot et Mohamed Ben Salem, s'associèrent d'ailleurs à cette demande. Celle-ci fut rejetée en 1833 par le Gouverneur General. Lcs membres du nouveau Conseil, MM. Frey, Offoltz, Berthelot, Terrier, Sicard, Bertrand, Burgeoin, Sintès, Vandendriessche, Schalltenbach, Mesguich
et Nahoum, revinrent à la charge et dans une note adressée au Conseil Général qui l'approuva et au Gouvernement Général, ils exposèrent que le territoire proprement dit de La Rassauta se composait anciennement des communes actuelles de Fort-de-l'Eau, Ain-Taya, Maison-Blanche, Rouïba, Maison-Carrée et Hussein-Dey, et que, malgré cela, la commune a toujours porté le nom de Rassauta; ce qui se prouve d'ailleurs, c'est que lorsque le hameau de Maison-Carrée s'est érigé en commune, nommant comme Maire, M. Vanmascik, propriétaire à cet endroit, au lieu de conserver le chef-lieu là où il avait toujours existé, on l'installa à Maison-Blanche, en empruntant au chef-lieu le nom de La Rassauta.
Plus tard, lorsque les habitants de Fort-de-l'Eau demandèrent leur séparation, cette même commune garda le nom de son hameau et on restitua le nom de la nouvelle commune dont le chef-lieu fut installé au Retour-de-la-Chasse, sur le territoire actuel de la commune de Fort-de-l'Eau.
Cet état de fait demeura jusqu'à ce que la nouvelle municipalité, composée en grande partie des habitants du hameau de Maison-Blanche, sollicitèrent et obtinrent le transfert du chef-lieu à Maison.-Blanche. Lors de la demande de la séparation de La Rassauta avec Maison-Blanche, ne pensant pas qu'il puisse exister un doute vis-à-vis de l'Administration, au sujet de la dénomination de La Rassauta à donner à la nouvelle commune, nom qu'elle avajt toujours porté, les habitants ne s'appesantirent pas sur ce fait, croyant être sûrs d'avance que comme dans les précédentes séparations, sa vraie dénomination lui serait conservée; aussi leur surprise fut-elle grande quand ils s'aperçurent que 1e le nom de Fort-de-l'Eau avait remplacé celui de la Rassauta.
Malgré ces différentes interventions, la substitution de nom n'eut pas lieu et la Commune conserva celui de Fort-de-l'Eau.
Le territoire de cette commune fut sujet à plusieurs modifications. C'est ainsi qu'en 1891, le Gouverneur Général faisait connaître qu'il répartissait les anciens communaux des Aribs entre les communes de Maison-Blanche, Rouïba et Fort-de-l'Eau. Les superficies affectées à chacune de ces circonscriptions étaient les suivantes : pour Maison-Blanche 32,7160 ha - pour Fort-de-l'Eau 197,15 ha - pour Rouïba 64, 8775 ha.
Si l'on se penche une dernière fois sur ce territoire des Aribs, on constate que 1367 hectares ont été répartis entre un certain nombre de concessionnaires qui les ont eux-mêmes très souvent revendus. Si J'on ajoute à cette superficie les 48 hectares de chemin et les 190 hectares de parcours communaux, on s'aperçoit qu'à la suite de la nouvelle répartition entre les trois communes précitées, il reste comme communaux des Aribs, environ 27 hectares.
Un réajustement des limites administratives de la commune aboutit enfin à un chiffre de 23,27 km2 qui est resté depuis 1911 le chiffre officiel de la superficie territoriale de Fort-de-l'Eau.
Fort-de-l'eau en 1850:
Ci-dessous, la liste de la population de Fort-de-l'eau en janvier 1850. Elle confirme, grâce aux patronymes, l'origine minorquine de cette population. (source: CAOM Aix-en-Provence "Histoire d'un centre rural algérien: Fort-de-l'Eau Alger", 1957 )
Nom | Origine | Profession | Ressources pécuniaires annuelles | Nombre de personnes au total... | ... dont "domestiques" |
Surface concédée en 1850
(1ère répartition) Ha. a. ca. |
Surface concédée en 1850
(2ème répartition - tirage au sort) Ha. a. ca. |
OLIVES, Llorenç | Hussein-Dey | jardinier domestique | 6000 F | 2 | 7.13.65 | ||
VILLA, Pere | Mustapha Supérieur | jardinier locataire | 1500 F | 5 | 7.32.95 | ||
MARQUES, Antoni | Kouba | ||||||
TUDURI, Antoni | Hussein-Dey | ouvrier agricole | 2000 F | 6 | 7.88.35 | 1.76.40 | |
BARBER, Joan | Hussein-Dey | ||||||
SASTRE, Josep | La Bouzaréah locataire de M. Sanguinetti |
jardinier locataire | 3000 F | 8 | 8.25.80 | 1.80.60 | |
SINTES-CARDONA, Joan | Hussein-Dey | jardinier locataire | 1500 F | 7 | 7.14.05 | ||
PONS, Jaume | Hussein-Dey | 3 | 7.47.90 | ||||
PONS, Joan (père de Christophe) | Kouba | jardinier locataire | 15000 F | 9 | 6.90.40 | ||
CAPO, Domingo | Kouba | ||||||
SINTES, Bernat | Hussein-Dey | jardinier locataire | 4000 F | 7 | 6.87.85 | ||
MASCARO, Joan | Hussein-Dey | jardinier locataire | 1500 F | 7 | 7.21.16 | 2.22.50 | |
MASCARO, Miquel | Hussein-Dey | 3 | 8.26.05 | ||||
SEGUI, Llorenç | Hussein-Dey | jardinier locataire | 2000 F | 5 | 8.25.85 | 2.15.30 | |
PONS, Bartomeu Pare | Mustapha | domestique | 2000 F | 4 | 6.71.55 | 2.08.30 | |
JUANEDA, Francesc | Bab-el-Oued | charretier | 2000 F | 5 | 7.74.80 | ||
XIMENES, Joan | Hussein-Dey | ||||||
ALZINA, Antoni | Kouba | jardinier locataire | 6000 F | 5 | 7.19.40 | 1.94.70 | |
MARQUES, Joan | Kadou | jardinier locataire | 1500 F | 7 | 7.25.19 | ||
MERCADAL, Antoni | El-Biar | ||||||
CAMPS, Mateu | Kouba | jardinier | 4000 F | 6 | 6.78.55 | 2.37.60 | |
GENER, Francesc | Hussein-Dey | jardinier locataire | 6000 F | 8 | 8.18.45 | 2.25.70 | |
PONS, Tomas | Hussein-Dey | jardinier locataire | 10000 F | 6 | 5 ouvriers | 8.26.80 | 1.96.30 |
MARQUES, Josep | La Bouzaréah | jardinier locataire | 2 à 3000 F | 7 | 7.44.25 | ||
SALORD, Joan | La Bouzaréah | maraîcher | 2000 F | 6 | 7.30.40 | 1.96.70 | |
OBERIC | maçon | 1500 F | 9 | ||||
PONS Bartomeu | Hussein-Dey | ||||||
PONS, Cristofol | Hussein-Dey | jardinier | 6000 F | 1 | 7.30.70 | ||
LLORENS, Josep | Hussein-Dey | jardinier locataire | 3000 F | 8 | 1 homme | 7.29.60 | 1.78.20 |
SALORD, Jaume | Hussein-Dey | ouvrier agricole | 800 F | 6 | 7.27.95 | ||
TUDURI, Francesc | Hussein-Dey | jardinier locataire | 4000 F | 4 | 7.36.10 | ||
COLL, Joan | Hussein-Dey | forgeron propriétaire | 2000 F | 4 | 3 ouvriers | 8.44.50 | 2 |
SINTES, Pere | Hussein-Dey | ouvrier agricole | 2000 F | 7 | 8.39.00 | ||
GORNES, Bernat | Kouba | jardinier | 2000 F | 7 | 7.96.60 | 1.94.30 | |
MARQUES, Mateu | Hussein-Dey chez M. Simon |
jardinier locataire | 7000 F | 16 | 7.26.00 | 1.76.70 | |
SINTES-CARDONA, Llorenç | Hussein-Dey | jardinier locataire | 8000 F | 7 | 4 ouvriers | 7.27.95 | 1.56.90 |
MERCADAL, Bartomeu | Hussein-Dey | jardinier | 3000 F | 10 | 4 hommes | 7.80.90 | |
FEDELICH, Joan | Hussein-Dey | jardinier locataire | 3600 F | 10 | 8.00.40 | ||
SINTES, Josep | Maison-Carrée | jardinier | 3000 F | 4 | 7.18.90 | 1.75.70 | |
SEGUI, Ramon | Hussein-Dey | jardinier locataire | 3000 F | 2 | 7.30.40 | 1.96.90 | |
ALZINA, Gabriel | Kouba | jardinier | 15000 F | 7 | 7.42.55 | 2.18.20 | |
PONS, Josep | Kouba | jardinier | 500 F | 3 | 8.58.65 | 2. | |
BARBER, Josep | Hussein-Dey | jardinier | 500 F | 1 | 7.21.15 | 1.96 | |
SINTES-TUDURI, Josep | Aïn Kadra | métayer | 3000 F | 8 | 7.19.90 | 2.22.10 | |
PONS, Cristofol | Kouba | jardinier locataire | 2000 F | 7 | 7.13.30 | ||
MONTANER Pedro | 8.23.70 | ||||||
SERRA Antonio | 7.27.30 | 1.76.40 | |||||
BAGUR Rafel | 8.14.30 | ||||||
ALONS Antonio | 8.27.50 | ||||||
COLL Antonio | 12.48.10 | ||||||
Vve FORNARIS | 8.48.05 | ||||||
Vve LUC | 7.96.15 |
Document
Titre de concession de SINTES Bernard.
ALGERIE
Département d'Alger
_____
N°
du registre des demandes
de concession
_____
N°52
du registre des titres
de concession
_____
Désignation de la localité:
Fort-de-l'Eau
Nom du concessionnaire:
SINTES
_____
TITRE DE CONCESSION
Nous, Préfet du Département d'Alger,
Vu l'arrêté ainsi conçu:
ARRETE DE CONCESSION
_____________
Nous, Préfet du Département d'Alger
Vu les ordonnances des 21 juillet 1845, 5 juin et 1er septembre 1847, et le décret présidentiel du 26 avril 1851,
Sur l'avis du Conseil de Préfecture en date du 11 septembre 1851.
_____________
Art. 1er – Il est fait concession au Sieur SINTES Bernard d'un terrain domanial d'une contenance de six ares portant le n°13 du village de Fort-de-l'Eau et de trois lots ruraux désignés ci-dessous:
1° - n°63 – Trente ares.
2° - n°112 – Un hectare, un are, soixante-cinq centiares
3° - n° 196 – Cinq hectares, cinquante ares, vingt centiares tel qu'il est
indiqué au plan général de Fort-de-l'Eau.
Art. 2 – Le concessionnaire servira à l'état une rente annuelle et perpétuelle de cinquante centimes par are pour le lot urbain, et de un franc par hectare pour les lots ruraux – payable par trimestre et d'avance, à la Caisse du Receveur des Domaines d'Alger, à partir du 1er janvier 1853.
Cette rente sera rachetable conformément aux dispositions du titre 2 de l'ordonnance du 1er octobre 1844.
Il sera tenu, en outre, aux charges et impôts qui pourront grever ultérieurement la propriété foncière en Algérie
Art. 3 – Il devra construire dans le délai de six mois une maison d'habitation en rapport avec l'importance de la concession – Mettre en rapport la totalité des terres arables, prairies et autres et boiser les terrains reconnus impropres à toute autre culture, et ce, dans un délai de deux années à partir de ce jour.
Seront considérés comme cultivés, les terrains laissés en prairies naturelles, pourvu que ces prairies soient nettoyées et que leur étendue n'excède pas la moitié de la concession.
Art. 4 – Il devra, dans le même délai, planter au moins vingt-cinq arbres forestiers ou fruitiers de haute tige par hectare; mais il demeure libre de distribuer de son gré, sur l'ensemble des terres concédées.
Art. 5 – Toutefois, le concessionnaire sera dégagé des obligations à lui imposées par les articles 3 et 4, s'il a, dans le courant de la première année, satisfait aux conditions de construction ci-dessus stipulées.
Art. 6 – Le concessionnaire devra entretenir en bon état de conservation les canaux d'irrigation et dessèchement qui traversent ou traverseront sa propriété, et de planter leurs bords d'arbres et de haute futaie ou autres.
Il devra également curer ou nettoyer les cours d'eau non navigables ni flottables qui traversent ou bordent la propriété concédée conformément aux lois et règlement qui régissent la matière en France.
Art. 7 - Le concessionnaire ne jouira des sources et cours d'eau existant sur ledit immeuble, que comme usufruitier et conformément aux règlements existants ou à intervenir sur le régime des eaux en Algérie.
Art. 8 – Il abandonnera à l'Etat, pendant dix ans, sans indemnité, les terrains nécessaires à l'ouverture de routes, chemins, canaux et autres ouvrages d'utilité publique.
. L'Etat se réserve la propriété des objets d'arts, mosaïques, bas-reliefs, statues, débris de statues, médailles, qui pourront exister sur la concession.
Art. 9 - Le concessionnaire aura la propriété de l'immeuble concédé à la charge de l'accomplissement des conditions prescrites.
Il pourra hypothéquer et transmettre, à titre onéreux ou gratuit, tout ou partie de cet immeuble.
Toutefois, tant qu'il n'aura pas été affranchi de la clause résolutoire, les détenteurs successifs seront soumis à toutes les obligations qui leur sont imposées et les affectations hypothécaires seront régies par les dispositions de l'article 2.125 du code civil
Art. 10 - En cas d'affectation hypothécaire ou de transposition de tout ou partie de l'immeuble concédé, à quelque titre que ce soit, les prêteurs et propriétaires successifs, devront faire élection de domicile dans le ressort du tribunal de la situation des biens et en outre notifier, par acte extrajudiciaire et dans le délai de quinze jours de sa date, leur contrat au Préfet.
Art. 11 - Dans le mois qui suivra l'expiration du délai pour l'exécution des conditions, ou plus tôt, si le concessionnaire ou ses ayants droits le demandent, il sera procédé dans les formes indiquées par le décret du 26 avril 1851, à la vérification de l'état matériel de l'immeuble et à l'évaluation des dépenses effectuées.
Art. 12 - Si toutes les conditions sont exécutées, ou si le concessionnaire se trouve dans le cas prévu par l'article 5, l'immeuble sera déclaré affranchi de la condition résolutoire.
Art. 13 - Si toutes les conditions ne sont pas exécutées, il sera statué, soit sur la prorogation du délai, soit sur la déchéance totale ou partielle, conformément aux ordonnances des 21 juillet 1845, 5 juin et 1er septembre 1847.
Art. 14 - En cas de déchéance, l'immeuble concédé fera retour à l'Etat, francs et quitte de toutes charges. Néanmoins, si le concessionnaire a fait sur l'immeuble des améliorations utiles et constatées par! Procès-verbal de vérification, il sera procédé publiquement par voie administrative à l'adjudication de l'immeuble.
Les concurrents seront tenus de justifier de facultés suffisantes pour satisfaire aux conditions du cahier des charges.
Le prix de l'adjudication, déduction faite des frais, appartiendra au concessionnaire ou à ses ayant causes.
Tous les droits réels provenant du fait du concessionnaire, seront transportés sur ce prix et l'immeuble en sera de plein droit affranchi par le seul fait de l'adjudication.
Art. 15 – Dans le cas où il ne se présenterait aucune adjudication, l'immeuble fera retour à l'Etat, francs et quitte de toutes charges provenant du fait du concessionnaire déchu.
Art. 16 – Si le concessionnaire ne requiert pas sa mise en possession dans un délai de trois mois, à partir de la notification qui lui sera faite du présent arrêté, il sera déchu de plein droit du bénéfice de la concession.
Fait à Alger, le 15 octobre 1851.
Signé: LAUTOUR MEZERAY
L'affranchissement des clauses résolutoires s'est fait le 17 novembre 1856 par arrêté du Préfet du département d'Alger.
Document
Lettre du baron de Vialar
Transcription du courrier du baron de Vialar:
Monsieur le Ministre,
Plusieurs cultivateurs illettrés me
prient de leur servir d'interprète auprès de vous et de vous recommander
une pétition qu'ils ont adressée il y a près d'un mois à M. le Directeur
de l'Intérieur.
Je suis avec respect, Monsieur le
Ministre Mustapha Supérieur le 1er mars 1847 |
Document
Décret de la création de Fort-de-l'Eau
Transcription du décret:
Au nom du peuple français, Art. 2 - Le territoire agricole à affecter à ce nouveau centre sera, conformément au plan ci-annexé, de 500 hectares. Art. 3 – Le Ministre de la Guerre
est chargé de l'exécution du présent décret. |
A Mahon, le souvenir de l'émigration pour l'Algérie et la fondation de Fort-de-l'eau sont encore vivaces:
Dans l'avenue du même nom, des boutiques le rappellent:
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